Prise en charge du reflux gastrooesphagien chez les jeunes enfants
Le reflux gastro-oesophagien est une plainte fréquemment rapportée chez le jeune enfant. Le reflux se manifeste par des régurgitations, à savoir l’évacuation soudaine et sans effort de petites quantités du contenu gastrique par la bouche. Ces régurgitations sont le plus souvent physiologiques et disparaissent généralement avant l’âge de 12 à 15 mois. Ce n’est que lorsque le reflux est associé à des symptômes inquiétants ou alarmants (p. ex. une évolution anormale du poids, des pleurs inexpliqués, un refus de s’alimenter) ou à des complications (p.ex. une oesophagite, des problèmes respiratoires), que l’on parle de “maladie de reflux gastro-oesophagien”. Celle-ci survient plus fréquemment chez les enfants nés prématurément et chez les enfants présentant des facteurs de risque tels que des troubles neurologiques ou des anomalies congénitales de l’oesophage. La prise en charge du reflux gastro-oesophagien chez les jeunes enfants a été discutée pour la dernière fois dans les Folia en janvier 1999 . En cas d’échec des mesures générales (voir plus loin), des gastroprocinétiques, en particulier le cisapride, étaient alors proposés comme premier choix. Le cisapride n’est plus du tout disponible depuis fin avril 2011; l’utilité du cisapride était déjà limitée depuis longtemps en raison du risque d’allongement de l’intervalle QT et de torsades de pointes. Le présent article discute de la prise en charge actuelle du reflux gastro-oesophagien chez les jeunes enfants. Mesures généralesLa prise en charge du reflux gastro-oesophagien chez les jeunes enfants consiste en premier lieu à rassurer les parents, et à rectifier leurs attentes et leurs connaissances concernant le comportement normal des nourrissons. D’autres mesures telles que le repos et la régularité, « nourrir à la demande » (et apprendre à bien interpréter cette demande pour éviter aussi bien la sur- que la sous-alimentation) peuvent aussi être utiles. L’épaississement de la nourriture (par exemple avec de la farine de graines de caroube, de l’amidon de riz ou de maïs) n’a qu’un effet limité sur le nombre de régurgitations, et il n’est pas possible de se prononcer en faveur d’un épaississant en particulier. [N.d.l.r.: les laits dits “anti-régurgitation” (laits AR) contiennent déjà des épaississants]. En l’absence de symptômes d’alarme ou de complications, ce sont en principe les seules mesures à appliquer. La position en décubitus ventral n’est pas recommandée chez les très jeunes enfants vu la possibilité d’un risque accru de mort subite. La position en décubitus dorsal avec la tête de lit surélevée n’a pas d’impact sur le reflux. La position en décubitus latéral gauche peut diminuer le reflux, mais cette position n’est pas stable, et l’usage de coussins n’est pas recommandé. Traitement médicamenteux1. GastroprocinétiquesEn ce qui concerne le métoclopramide et la dompéridone , les preuves d’efficacité sont limitées. Le métoclopramide peut provoquer, surtout chez l’enfant, des réactions extrapyramidales, et dans de très rares cas, de la galactorrhée; des dyskinésise tardives ont aussi été décrites lors d’un usage prolongé. Avec la dompéridone, les réactions extrapyramidales sont moins fréquentes. Une relation entre la dompéridone et l’allongement de l’intervalle QT chez les jeunes enfants est toutefois suspectée, mais ceci est peu documenté, en particulier en ce qui concerne le risque éventuel de torsades de pointes. 2. AntacidesL’efficacité des antacides, en association ou non à l’alginate (qui forme un gel visqueux dans l' estomac), chez les jeunes enfants, n’est pas clairement prouvée. Les antacides à base d’aluminium (p.ex. algeldrate) sont déconseillées chez les enfants de moins d’un an vu que l’accumulation peut entraîner des concentrations plasmatiques accrues d’aluminium et un risque de neurotoxicité. 3. Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) et antihistaminiques H 2
3.1. Usage pédiatrique selon les RCP belges (situation au 01/07/11)
3.2. Préparations magistralesLe Formulaire Thérapeutique Magistral (édition 2010) mentionne une suspension à base d’oméprazole (“Suspension pédiatrique à 2 mg d’oméprazole/ml FTM”) et un sirop à base de ranitidine (“Sirop pédiatrique à 15 mg de ranitidine/ml”) à usage pédiatrique. L’INAMI prévoit un remboursement pour les préparations magistrales à base de ranitidine (forme liquide) et d’oméprazole (suspension). Les préparations magistrales à base d’oméprazole ne sont remboursées que si elles sont utilisées chez des enfants de plus de deux ans et de moins de 18 ans, dans le cadre d’un traitement d’un reflux gastro-oesophagien sévère réfractaire aux autres mesures thérapeutiques (remboursement selon le chapitre IV, donc après avis du médecin-conseil). [N.d.l.r.: une préparation magistrale dans laquelle une spécialité à base d’oméprazole ou de ranitidine a été incorporée, ne peut pas être remboursée étant donné que l’oméprazole et la raniditine sont disponibles en tant que matières premières remboursables]. 3.3. Posologies pédiatriquesLes posologies suivantes sont tirées du BNF for Children (01/07/11):
Quelques référencesAnonyme.: Managing gastro-oesophageal reflux in infants. Drug Ther Bull 2009; 47: 134-7 Anonyme.: Dompéridone chez les nourrissons: allongement de l’intervalle QT. La Revue Prescrire 2010; 30: 430 vandenplas Y en Rudolph CD.: J Pediatr Gastroenterol Nutr 2009; 49: 498-547 van Winckel M.: IPP pour les nourrissons avec plaintes postprandiales? Minerva 2010; 9: 52-3 |