Le tropicamide, un médicament anticholinergique à usage ophtalmique, a des propriétés mydriatiques et cycloplégiques et est utilisé pour le traitement de la kératite et de l’uvéite, comme agent diagnostic, ou après certaines opérations (voir Répertoire chapitre 16.4.).
Depuis 2013, il existe des signaux d’un usage détourné du tropicamide utilisé par voie intraveineuse à des fins récréatives, notamment dans les pays de l’Est, en Asie centrale et en Italie, principalement par des héroïnomanes.1,3,4 Les effets recherchés sont une sensation d’euphorie et des hallucinations visuelles.1,2 De plus en plus de cas d’ordonnances falsifiées, d’abus de prescription ou de demandes suspectes pour le tropicamide sont recensés en France. L’AFMPS suspecte le même genre de problèmes en Belgique.
Un surdosage en médicaments anticholinergiques engendre des effets indésirables tels que rougeur de la face, sécheresse buccale, rétention urinaire, iléus paralytique, tachycardie, agitation, confusion, troubles du comportement, troubles de la thermorégulation, convulsions, délire voire coma1-4. A cela s’ajoutent des effets propres à l’administration intraveineuse tels qu’une infection cutanée, une endocardite, la transmission d’affections virales ou une overdose.1 En cas d’usage prolongé, une toxicité cardiaque, des troubles rénaux ou hépatiques ou une psychose peuvent apparaître.3
Sources spécifiques
1 C. Ponté et al. Early signal of diverted use of tropicamide eye drops in France. British Journal of Clinical Pharmacology. 2017 ; 83 : 1791-1800. doi: 10.1111/bcp.13272
2 Tropicamide en collyre : usage détourné. La Revue Prescrire 2018. 38 ; 109.
3 F.S. Bersani et al. Injecting eye-drops : a mini-review on the non-clinical use of tropicamide. Human Psychopharmacology 2015, 30 : 626-4. doi: 10.1002/hup.2481
4 F.S. Bersani et al. Drops of madness? Recreational misuse of tropicamide collyrium; early warning alerts from Russia and Italy. General Hospital Psychiatry 2013; 571-3. doi: 10.1016/j.genhosppsych.2013.04.013.