Le coût total pour le top 25 augmente d’année en année. En 2023, trois AOD figurent dans le top 5. Le classement accueille quelques nouveaux venus, dont la dapagliflozine et l’association fixe rosuvastatine + ézétimibe. De plus en plus de médicaments repris dans le top 25 sont prescrits à plus de 50 % par un spécialiste.

Chaque année, l’INAMI publie le top 25 des principes actifs dans les dépenses de l’INAMI pour les médicaments remboursés délivrés par les officines publiques. Son dernier top 25 concerne l’année 2023..1

  • Total des dépenses de l’INAMI pour ce top 25 : environ 1 142 400 000 euros. Ce coût total augmente d’année en année (par ex., hausse de 11 % par rapport à 2022 (coût total à l’époque : 1 030 000 000 euros) et de 19 % par rapport à 2021 (coût total à l’époque : 959 000 0000 euros).

  • Le top 25 représente 35 % des dépenses de l’INAMI pour les médicaments remboursés délivrés par les officines publiques, et environ 18 % du volume des traitements (en DDD).

  • Outre ce top 25, 697 autres principes actifs sont également remboursés dans le secteur ambulatoire.

Commentaires du CBIP sur le top 25

  • Le top 25 ne permet pas de nous prononcer sur les indications pour lesquelles les médicaments ont été prescrits. Il donne cependant une idée des pratiques de prescription des médecins. Une prescription rationnelle signifie qu’un traitement est choisi sur la base d’arguments étayés scientifiquement en matière d’efficacité et d’innocuité, mais en tenant aussi compte du coût. Le premier facteur pris en compte est bien évidemment le bénéfice en termes de santé (en balance avec les risques) pour le patient, mais le coût qu’il représente pour le patient et pour la communauté est aussi un élément important. Le top 25 révèle un coût croissant dans les dépenses de l’INAMI pour des médicaments (parfois très onéreux) dans le secteur ambulatoire (hors médicaments délivrés en pharmacie hospitalière pour usage ambulatoire).

  • L’apixaban conserve sa 1re place. Avec l’édoxaban qui pointe à la 4e place et le rivaroxaban, à la 5e, ce sont pas moins de trois AOD qui figurent au sommet du top 25 de 2023. Les 3 AOD repris dans le top 25 représentent un remboursement cumulé d’environ 243 millions d’euros, et ce pour environ 344 300 patients (en 2023, soit une augmentation de 20 millions d’euros et d’environ 23 000 utilisateurs par rapport au top 25 de 2022). Selon les calculs de l’INAMI, les AOD sont utilisés dans la majorité des traitements anticoagulants (77 % en 2023, calculé sur la base du nombre de DDD) [à titre de comparaison : les héparines sont utilisées dans 17 % des traitements et les antagonistes de la vitamine K, dans 6 % des traitements].
    À noter : l’année 2024 a marqué la mise à disposition des premiers génériques d’AOD (rivaroxaban, dabigatran ; situation au 20/02/2025), ce qui peut avoir une influence sur les futures dépenses pour les AOD. Pour le positionnement des AOD, cf. Répertoire 2.1.2.

  • Nouvelles entrées dans le top 25 :

    • La dapagliflozine (15e place). Avec l’empagliflozine, qui a fait son apparition en 25e position en 2022 et a grimpé à la 10e place en 2023, le top 25 compte deux gliflozines. Selon les RCP, les deux gliflozines sont indiquées dans le diabète de type 2, de même que dans l’insuffisance cardiaque chronique symptomatique et la maladie rénale chronique, indépendamment de la présence d’un diabète. Les extensions d’indication (et de remboursement) à l’insuffisance cardiaque chronique et à l’insuffisance rénale chronique, qui datent de 2022 et 2023, ont vraisemblablement contribué à la progression de ces médicaments dans le top 25. Pour le Positionnement et les liens vers les articles de Folia, cf. Répertoire 5.1.8.

    • Le mépolizumab (20e place). Le mépolizumab a été le premier inhibiteur de l’IL-5 commercialisé pour le traitement de l’asthme éosinophilique sévère ne répondant pas au traitement d’entretien classique à forte dose. Pour le Positionnement, cf. Répertoire 12.3.2.2.3., Folia d’août 2022 (évaluation 5 ans après commercialisation) et Folia de septembre 2020 (traitement d’entretien de l’asthme).

    • L’association fixe lamivudine + dolutégravir (21e place), utilisée en cas d’infection à HIV.

    • L’association fixe rosuvastatine + ézétimibe (23e place). Selon le RCP, cette association est indiquée pour le traitement de l’hypercholestérolémie chez les patients à haut risque cardio-vasculaire et pour la prévention secondaire des évènements cardio-vasculaires (cf. Répertoire 1.12.9. pour les détails). En ce qui concerne l’ajout d’ézétimibe à la rosuvastatine, on ne dispose pas de données cliniques sur des critères d’évaluation forts (mortalité, morbidité) ni sur la sécurité d’emploi.

  • Sont sortis du top 25 : les vaccins antigrippaux, l’oméprazole, l’omalizumab et l’association formotérol + béclométasone.

  • Huit des 25 médicaments du top 25 sont des antidiabétiques (dulaglutide, sémaglutide, empagliflozine, dapagliflozine, metformine, insuline glargine) ou des hypolipidémiants (atorvastatine et rosuvastatine + ézétimibe).

  • Le top 25 présente un certain nombre de médicaments onéreux qui sont utilisés par un nombre limité de patients. Ces médicaments sont principalement ou exclusivement prescrits par des spécialistes. Il s’agit des inhibiteurs du TNF adalimumab (2e place), étanercept, guselkumab et golimumab, des antagonistes de l’interleukine sécukinumab et ustékinumab, de l’anticorps monoclonal émicizumab utilisé dans l’hémophilie (3e place), de deux associations d’inhibiteurs du VIH (dont l’association fixe lamivudine + dolutégravir, cf. supra) et du mépolizumab (cf. supra). En 2023, 11 principes actifs figurant dans le top 25 ont été prescrits à plus de 50 % par un spécialiste (% du nombre de DDD), à savoir les médicaments « onéreux » susmentionnés et l’insuline glargine. Le nombre de principes actifs repris dans le top 25 qui sont prescrits à plus de 50 % par un spécialiste ne cesse d’augmenter : ils n’étaient que 4 en 2007 et il n’y en avait qu’un seul et unique en 1997.

  • Le top 25 compte aussi un certain nombre de médicaments moins onéreux qui sont utilisés par un nombre beaucoup plus important de patients. Ces médicaments sont principalement prescrits par les généralistes. On y retrouve quelques médicaments déjà présents dans les précédents tops 25, comme l’atorvastatine, la metformine et le pantoprazole.

    • Le pantoprazole (6e place) a connu plus de 1,7 million d’utilisateurs en 2023. Pour le Positionnement des IPP, cf. Répertoire 3.1. Les IPP sont utilisés à grande échelle et de plus en plus fréquemment, souvent à long terme sans qu’ils restent nécessaires. L’INAMI a dès lors démarré une évaluation de la prescription d’IPP parmi les médecins généralistes : cf. Folia de janvier 2025 et site web de l’INAMI : cliquez ici et ici.

  • Le sémaglutide reste en 8e position (environ 60 millions d’euros remboursés pour environ 59 000 patients [à titre de comparaison : 24 millions d’euros pour 28 000 patients en 2021 et 41 millions d’euros pour 45 000 utilisateurs en 2022). Selon le RCP, les spécialités à base de sémaglutide sont indiquées uniquement dans le diabète de type 2. Les résultats d’études favorables pour le sémaglutide injectable en cas d’obésité ont conduit à un usage off-label de la spécialité Ozempic® [cf. Folia d’avril 2023]. La disponibilité de cette spécialité est limitée depuis un long moment, et il a été réclamé de réserver la spécialité aux patients atteints de diabète de type 2.

  • Le dénosumab fait partie du top 25 depuis plusieurs années. Le dénosumab est utilisé dans le traitement de l’ostéoporose et de certains cancers (par ex. tumeurs malignes avancées avec atteinte osseuse). Dans la prise en charge médicamenteuse de l’ostéoporose postménopausique, le dénosumab peut être une option en cas de contre-indication ou d’intolérance aux bisphosphonates par voie orale : cf. Répertoire 9.5. Les effets indésirables, parfois graves, doivent être pris en compte [cf. Folia de juin 2024 et Répertoire 9.5.5.1.].

Sources spécifiques

INAMI. Infospot. Le TOP 25 des principes actifs pour les dépenses de l’assurance soins de santé en 2023. Novembre 2024. Voir le site de l’INAMI. Voir aussi la version PDF.